Temps de lecture : 8 min / Mis à jour : 20 Oct 2022 / 1722 mots
Reconnaître et dépasser ses dépendances fait aussi partie de la démarche vers plus d’autonomie, et celle liée au tabac est une des plus communes.
Mais avant de devenir une dépendance il y a tout un processus, et sur ce point Gad a bien raison dans son sketch « La Cigarette », c’est super difficile de devenir un fumeur confirmé.
«Mais comment t’as fait ?!»
Pour ma part ça m’a pris 3 ans. D’abord en soirée. Puis en attendant le bus. Et petit à petit j’ai réussi à fumer des cigarettes régulièrement à l’âge de 23 ans.
Trop cool, je faisais enfin partie des personnes qui paraissaient de ne pas s’ennuyer même si elles attendent seules.
Ça faisait un point commun avec vachement de gens, j’avais l’impression que si je rencontrais un-e inconnu-e qui fumait, j’avais plus de légitimité à aller lui parler.
Ça a duré 1 an et demi, avec en moyenne ½ paquet par jour. Je n’étais pas alors un «gros fumeur»… mais quand même !
J’étais rentré dans cette grande famille dépendante de sa dose de nicotine quotidienne.
Le sketch est terminé 😉 !
Au bout du compte je vivais assez mal cette dépendance qui allait à l’encontre de ma quête d’autonomie.
Plus loin je décrirai comment j’ai fait pour dépasser l’envie de fumer, mais ce ne sera qu’à titre d’exemple. Il y a un tas de solutions connues pour ça…
D’abord le principal… Pourquoi fume-t-on la 1ère cigarette ?
Voilà LA question ! Se souvenir des raisons qui ont fait allumer la première… bien que tout le monde connaisse les effets néfastes de la cigarette (depuis les années 80′ du moins, et après la loi Évin plus particulièrement) qu’est-ce qui fait qu’on commence ?
Faire comme les autres en général, comme le confirme cette article du Point.
Avant les publicités anti-tabac il y avait les pubs pro-tabacs, et on peut dire qu’elles ont atteint leur but, que ce soit pour l’industrie de la cigarette française ou américaine… et ça a commencé alors que mes grand-parents étaient enfants :
Les pubs et les films véhiculaient des valeurs positives liées à la clope, et maintenant c’est rentré dans les mœurs, surtout pour les ados et les jeunes adultes en recherche d’identité et de reconnaissance.
C’est essentiellement pour concorder à une image dictée par son environnement (médias, «groupe social», famille…).
En être conscient et le reconnaître est un grand pas vers l’indépendance au tabac.
La raison pour laquelle vous avez continué de fumer après la 1ère fois, jusqu’à la réelle dépendance physique est pri-mor-dia-le (intervalle de temps qui varie selon les personnes, les ados étant plus sensibles : étude à l’appui).
Cette prise de conscience sera un pilier soutenant votre décision
Si vous voulez vraiment arrêter de fumer mais que vous pensez ne pas être sûr d’y arriver, alors répondez honnêtement à la question «Pourquoi je fume ?»
Quel(s) intérêt(s) y gagnez-vous ?
C’est la 1ère étape pour mettre en lumière son addiction et pour la regarder avec recul, sans s’identifier à elle.
Pourquoi ? Pour me calmer, me détendre !
Si vous fumez épisodiquement ça peut être le cas : le premier usage du tabac était thérapeutique.
Il s’agissait d’une plante médicinal (comme le cannabis, la cacao et un tas d’autres plantes d’ailleurs).
Mais lorsqu’on passe le cap de fumer plusieurs fois chaque jour ça devient différent : on fume pour calmer son addiction à la nicotine ainsi qu’aux IMAO et autres substances contenues dans le tabac présentes pour rendre plus addictive la cigarette industrielle.
Sauf pour les cigarettes du peuple révolutionnaire d’Amérique du sud -pour ne pas citer de marque- qui ne contiendraient pas d’additifs dans le tabac, par contre le papier oui, même celui en chanvre bio apparemment, car il contient de la gomme arabique pour la colle.
Pour fumer le plus sainement possible : tabac sans additifs ET papier non gommé…
Pour quelles autres raisons ?!
Pour paraître cool ? Pour montrer que vous n’avez pas peur ? Que vous êtes un-e coriace ? Que vous bravez la vie, les études scientifiques et leurs statistiques ? Pour être en bonne santé ? Pour montrer le bon exemple à vos enfants ? Leur faire fumer passivement pendant des années et les habituer à l’odeur du tabac froid sur les vêtements ? Pour faire quelque chose d’utile de votre argent ? Pour faire le-la rauqueur-se avec votre voix rock ?
C’est quoi le but profond derrière chacune de vos bouffées ?
Bon maintenant il y a la dépendance en elle même, comment en venir à bout ? Le tabac c’est tabou…
Pour ma part, j’avais beau voir tous les aspects négatifs : le coût, l’odeur, la sensation de manque, l’aggravation des maladies genre grippe… Mais… La première de la journée, celle juste après manger, et celles qui accompagnaient l’apéro reportaient la décision d’arrêter au lendemain, ou à la fin du paquet.
Le fameux «Demain j’arrête !»
«J’ai envie mais c’est pas le moment»… phrase qui revient souvent, elle peut-être légitime parfois.
«Je peux m’arrêter quand je veux»… mouais… bon à un moment faut se lancer !
Pour certaines personnes c’est radical, elles s’arrêtent d’un coup, suite à un choc ou une très grosse motivation.
Pour la majorité c’est progressif, avec de l’aide, en diminuant.
C’est ce que j’ai fait…
en me mettant des contraintes. D’abord en repoussant au maximum chaque cigarette lorsque l’envie apparaissait, surtout le matin.
Quand la diminution du nombre de cigarettes est devenue plus facile, je suis passé aux cigarillos en les achetant à l’unité, comme ça si j’avais envie de fumer il fallait que j’aille au bureau de tabac et ça me permettait de revoir ma motivation le temps d’y aller.
L’avantage que je trouvais au cigarillo est qu’il est plus fort, donc j’en fumais la moitié puis faisais un «steack» (comme on dit dans le jargon des fumeurs) pour plus tard.
Parfois j’en prenais au parfum vanille, pour la saveur, pas forcément la meilleure chose à faire pour arriver à atteindre l’objectif d’arrêter.
Ça a duré 3 mois environ comme ça, puis une occasion en or est arrivée, je déménageais pour faire une colocation avec une personne qui ne fumait pas.
La décision était prise. La décision de humer uniquement l’air pur de la ville 😉
De nouveau faisant partie des humeurs d’air pur le 1er Mars 2012. C’est drôle comme on arrive à se rappeler si facilement de ce genre de date.
Trouvez vos propres stratégies :
au lieu d’aller cloper à l’extérieur avec les collègues, divertissez vous autrement, portez votre attention sur quelque chose qui vous semble utile…
Parlez-en autour de vous pour avoir du soutien.
Créez un groupe Facebook ou allez sur un forum d’entraide, l’union fait la force !
Et pour ceux-celles qui n’en sont pas à leur première tentative, remémorez vous le périple que ça a été pour vous arrêter chaque fois que l’envie viendra de vous en griller une, rien qu’une.
Périple que vous devrez recommencer dès que vous déciderez d’en fumer une, rien qu’une…
Vivez la vie à plein poumons !
Bien sûr il y a toujours l’exemple du papé qui a vécu plus de 80 ans dont la plupart avec une gitane au bec… À vous de voir si vous voulez tenter la même chose.
On peut toujours trouver des bonnes excuses, et même en sachant les effets sur le long terme ça ne dissuade pas tant qu’on ne comprend pas que ce n’est qu’une façon de combler/pallier quelque chose.
Personnellement une de mes grand-mères est décédée d’un cancer des poumons, elle n’avait sûrement pas les bonnes prédispositions génétiques comme le fameux papé… et j’avoue que par la suite ça ne m’a pas empêché de commencer.
Si vous décidez de fumer, alors faîtes le consciemment.
Il y a les rabissanes, tiges sèches de clématites, lianes, sureaux… comme à la bonne époque. Pour avoir testé, ça peut être une alternative à la cigarette électronique. Bon y’a mieux niveau goût… mais c’est gratuit, bio, écolo, local et légal.
Pour ce qui est des cigarettes électroniques, ça amène d’autres motivations. Surtout quand on commence directement par elles.
Lors d’un périple en Norvège avec un ami, j’ai fait une soirée avec un groupe de jeunes du même âge qui faisaient exhibition de leurs cigarettes électroniques, c’était comme un signe extérieur de richesse, à qui avait la plus belle, la plus sophistiquée.
S’en mettre plein les yeux en même temps que les poumons.
Les études scientifiques sur la toxicité de la cigarette électronique récentes sont plutôt négatives. Ici un article sur son effet sur la santé buccale.
Même s’il semble qu’elle est moins nocive que la cigarette «physique», si elle est utilisée dans le but de s’arrêter définitivement. Car le principe est le même : s’il y a dépendance il y a perte d’autonomie.
Et voilà la petite histoire du tabac… sympa !
Pour finir sur une note positive, voici les bienfaits ressentis de l’arrêt du tabac :
dans 20 minutes, votre pression sanguine sera redevenue normale ;
dans 8 heures, le taux de monoxyde de carbone dans votre sang (un poison dangereux), aura diminué de moitié, et votre niveau d’oxygène sera redevenu normal ;
dans 48 heures, votre risque d’attaque cardiaque aura diminué. Toute trace de nicotine aura disparu de votre corps. Votre odorat et votre goût redeviendront normaux ;
dans 72 heures, vos bronches se relâcheront, et votre niveau d’énergie augmentera ;
dans 2 semaines, votre circulation sanguine s’accélérera, et continuera à s’améliorer pendant les 10 prochaines semaines ;
dans 3 à 9 mois, votre toux, vos éternuements et vos problèmes respiratoires se dissiperont, tandis que la capacité de vos poumons augmentera de 10 % ;
dans 1 an, votre risque d’infarctus (attaque cardiaque) aura baissé de moitié ;
dans 5 ans, votre risque d’AVC (attaque cérébrale) sera redevenu identique à celui d’un non-fumeur ;
dans 10 ans, votre risque de cancer du poumon sera redevenu identique à celui d’un non-fumeur ;
dans 15 ans, votre risque d’infarctus sera redevenu identique à celui d’un non-fumeur.
…on en viendra tous à bout 😉
Santé publique France lance chaque année au mois de Novembre : le Mois sans tabac.
Vous y trouverez plein d’astuces et de conseils pour vous aider notamment à l’aide du Kit qui est téléchargeable et commandable, et que je trouve super bien réalisé.
Le but de cet article n’est pas de culpabiliser les fumeur-se-s, généralement victimes à leur insu d’un processus complexe, mais plutôt de porter son attention sur sa propre capacité à reprendre le contrôle sur la cig’arrête.
Si vous voulez échanger à ce sujet, c’est avec plaisir !
Ah la question des addictions !
Bien joué, l’article est clair, et ton style d’écriture vraiment chouette ! 😉
Content qu’il t’ai plu 😉
Super intéressant votre article.
J’en suis au 2 première étapes. Repousser au maximum la cigarette du matin. Puis j’ai réduis le nombre de cigarettes de 14 par jours à 5 en 3 mois. Mais les 5 dernière j’arrive pas du tout.
Même en fessant plus de sport, je ne trouve pas de moyen ou d’alternative.
Grâce à vos conseil et idées je vais peut être y arriver. Merci 😊
Salut Elodie
Super que l’article t’aie plu et que tu sois sur le chemin de l’indépendance par rapport au tabac.
N’hésites pas à nous tenir au courant de tes avancées !