Temps de lecture : 9 min / Mis à jour : 19 Sept 2019 / 1645 mots
Changement d’espace-temps !
1 mois au Burkina Faso -du 10 novembre au 10 décembre 2016-
Je vous partage les 2 récits que j’en ai fait pendant et après le voyage.
J’ai essayé d’être neutre quant à mes réflexions, en évitant les comparaisons entre la société française et burkinabée… pas évident.
Bonne traversée ; )
Zaabré ! Mon 1er topo après 10 jours au Burkina Faso :
– C’est le 2ème mois (novembre 2016) de la saison sèche et la journée il fait jusqu’à 38°C. La nuit la température baisse aux environs de 20°C. Cette année il y a eu peu d’eau pendant la saison de pluies, les récoltes sont maigres.
– Au niveau politique, en octobre 2014 le Président (en place depuis 27 ans) a été chassé par la jeunesse, il y a eu aussi des attentats… depuis peu le pays ouvre plus facilement ses frontières. Le Nord et notamment le Sahel est déconseillé (des personnes cagoulées rodent parait-il).
– Il y a peu de touristes occidentaux. Les nassaras (= blancs ou blancs cassés) viennent surtout via des assos humanitaires.
– La langue française est très présente mais tout le monde ne le parle pas, le moré est parlé par la majorité, puis d’autres langages comme le peuhl…
– L’espérance de vie est de 50 ans (j’ai ouï-dire), et les jeunes sont en grand nombre. Beaucoup ont un accès difficile à l’école (distance, coût des fournitures, travail avec la famille). En général, l’accès à l’information est compliqué. Internet est présent seulement dans les grandes villes.
– La majorité des routes est en terre battue avec des trous ici et là, et la circulation routière soulève constamment de la poussière… elle cause de nombreux problèmes respiratoires.
– Beaucoup n’ont que leurs pieds et des vélos pour se déplacer. C’est courant qu’une personne fasse plusieurs dizaines de kilomètres pour aller laver ses affaires au lac ou aller chez le dentiste, j’ai même entendu qu’une femme avait mis 4 jours pour rejoindre la capitale…
Les voitures sont en minorités par rapport aux motos japonaises…
– Le moustique est un autre fléau : il sort vers 16h jusqu’à 9h du mat (c’est ce que j’ai noté) et est tout petit, on ne le sent pas, on ne l’entend pas, sa piqûre ne gratte pas, il donne le paludisme, et maintenant la dengue de + en +… trop balaise ce petit être vivant…
Mais bon pas de soucis, les locaux sont plus résistants que… nous : une moustiquaire, de l’anti-moustique (en naturel, l’huile essentielle de palma rosa est bien efficace) et des vêtements longs et normalement ça passe !
J’ai décidé de ne pas prendre de traitement préventive contre le paludisme et je ne l’ai pas attrapé, mais ce choix je ne le prône pas, chacun.e est responsable d’accepter ou non de prendre ce traitement. J’ai assisté au malaise d’une expat française qui a attrapée le palu, et ce n’était pas cool à voir.
– L’eau stagnante est fortement contaminée par la bilharziose notamment.
Celle du robinet, si elle n’est pas filtrée peut causer des troubles, surtout pour les estomacs occidentaux. De l’eau est vendue en bouteille, dans des pochettes plastiques, d’ailleurs des tas de choses se vendent dans des sacs plastiques qui finissent au bord de la route et dans les champs.
– À la radio, durant un trajet vers Ouagadougou, des gens de l’assemblée parlaient d’alcool frelaté, d’huile de vidange filtrée et revendue en huile alimentaire, de poissons radioactifs de Chine, de sacs de riz de 25kg qui n’en font que 22 ou remplacé par du plastique………
… À part ça les gens sont souriants et accueillants. Peu ou prou de gens dorme dans la rue (par contrainte ou manque de logement).
Je trouve qu’ils ont une intelligence collective remarquable. Même s’ils ne connaissent pas leur interlocuteur, ils se parlent sans barrière.
– Le top… le To !
C’est le plat du pays, à base de mil ou de maïs et accompagné de différentes sauces.
De la meilleure à la moins bonne à mon goût : sauce tomate, sauce épinard + arachide, sauce Gombo, et Baobab… gluante et peu appétissante mais apparemment pleine de bonnes choses.
– Ici le Rocket stove ça promet d’envoyer du bois (en l’économisant bien sûr) : j’en ai fait 3 et plusieurs personnes sont super enthousiastes par cette technologie low-tech gratuite et + efficace que ce qu’ils utilisent habituellement.
Très heureux de partager mon petit savoir lors de 2 ateliers DIY.
Avec Félix, un infirmier dentiste bricoleur de Kongoussi, on a démarré un four solaire entonnoir, c’est son idée, et elle est bien cool, à suivre.
– Le Moringa est bien présent, j’ai pu cueillir des feuilles chez un maraîcher puis les ai séchées et des graines.
– Les oiseaux chantent
– Le ciel est voilé
– La bière et le dolo de mil fermenté coulent à flot (parfois trop pour certains) dans les maquis (les bars d’ici)
– les ânes tirent les charrettes et les djembés résonnent… mais seulement dans les cérémonies
– Les cases traditionnelles sont faites de briques de terre séchées au soleil, et durent 6 ans environ… les modernes sont en parpaings et mortier, c’est cher, c’est + chaud et – beau… mais ça dure comme chez nous. Youpi
– J’ai plusieurs fois discuté avec des gens d’ici et de là-bas sur l’image véhiculée (par la télé notamment) de « l’occident » en matière de technologie, de santé, d’alimentation, de mode et style de vie… est-ce bénéfique ou non, utile ou non, bla bla…
Je me dis que l’influence de l’occident peut avoir du bon, si c’est adapté à la culture burkinabée (qui à mes yeux est + dynamique à la campagne qu’à Ouaga) et s’il y a une réflexion sur le pourquoi et la nécessité…
Félix me parlait des agriculteurs qui depuis des siècles labourent à la main et à présent certains voient les tracteurs sur les pubs et en veulent, »ils passent du coq à l’âne » qu’il disait, « sans réfléchir aux conséquences ».
C’est une réflexion que je partage pour notre société aussi… même si tout est possible à réaliser, tout n’est pas nécessaire : Yes We Can ! But Do We Need It… m’enfin, ainsi soit-il, Amina !
Barka pour avoir lu cette 1ère épisode de mon expérience aux pays des hommes et femmes intègres !
Voilà le 2ème épisode (écrit à mon retour en France) :
– visite d’une ferme spiruline,
avec quelques crocos qui lézardaient aux alentours aux bords de l’eau
– le four solaire avec Félix a bien avancé. Reste à fixer la partie réfléchissante à l’intérieur.
– petit cours de moré
– des infos flippantes sur les conditions vie et de travail des agriculteurs de coton notamment… tout de même l’intégrité des burkinabés ne semble pas être une légende, voir cet article sur l’abandon du coton transgénique par le Burkina Faso.
– j’ai pris connaissance de Thomas Sankara sur place.
Je suis allé à la pêche aux infos sur cet homme… quelle surprise de devoir aller au Burkina Faso pour voir son image un peu partout (comme celles de Bob Marley, et Gandhi), et l’influence qu’il a eût pour ce pays mais pas que, alors qu’il était aussi en relation étroite avec la France.
Assassiné l’année de ma naissance, je pensais que seuls les moins de 30 ans ne le connaissaient pas… en fait peu de personnes dans mon entourage ne le connaissait.
Je vous invite à le découvrir au travers des vidéos sur la toile.
– quelques discussions sur l’animisme encore présent mais de + en + délaissé au profit des religions chrétienne (catholique et évangélique), et musulmane moins contraignantes et plus attrayantes. Toutefois l’animisme reste ancré dans la vie quotidienne, apparemment.
Et d’autres photos sur le thème de l’Autonomie lors d’un évènement « écolo » à Ouaga, super intéressant et inspirant ci-dessous :
Pour finir voici ma réponse à une amie dont la question était « Comment fais-tu pour te lancer dans tes projets? je pense par exemple au voyage du Burkina Faso… » :
– Pour le Burkina Faso, j’y suis allé avec mes économies du chômage et mon nouveau savoir-faire : Four-solaire et Rocket stove.
J’ai pris quelques infos et contacts avant de partir mais n’ai rien programmé de figé.
J’ai débarqué et ai rejoint une amie dans un diocèse à côté d’un petit village.
J’ai commencé à voir comment mettre en pratique mon savoir avec les ressources locales. Et hop un premier rocket stove en boites de conserve. Je l’ai montré aux cuisinières et ai expliqué pourquoi et comment s’en servir, le bouche à oreilles à fonctionner modestement… 2 hommes ont voulu être « formés ». J’en ai fait pour d’autres… je suis parti sans savoir si ça s’était propagé, l’avenir le dira. Mais je ne me fais pas de film, d’autres ont fait pareil, et puis l’important n’est pas tant de savoir que ce qu’il se soit approprié ce que j’ai présenté mais plutôt que certains aient vu que même un français censé être riche utilise les ressources locales pour créer des outils servant à être autonome et libre.
J’ai envie de continuer dans cette dynamique à plusieurs, comme en Italie : participer à des caravanes solidaires.
Une autre est en projet pour l’Espagne, le Maroc, le Rwanda…